Si les murs des salles «Armonot Hen» (les palais de la grâce), gérées par Hasdei Naomi à Bené-Berak et Jérusalem pouvaient parler, ou montrer ce qui se passe entre eux tous les soirs depuis une décennie, il ne fait aucun doute qu’un gros livre ne pourrait suffire à contenir le récit de tant d’histoires émouvantes*. Dans les salles «Armonot Hen», les familles démunies peuvent célébrer dignement leurs mariages à un niveau qui n’a rien à envier aux gens aisés.
Sarah Bronner
Le téléphone vient de sonner au domicile de la mariée.
Sa mère répond et écoute la voix chaleureuse de son interlocutrice tandis que les mots se coincent dans sa gorge. Elle se tient comme frappée par la foudre alors que de chaudes larmes roulent de ses yeux. Des larmes de joie.
Ce soir, la mère conduira la fille sous le dais nuptial. Elle l’accompagnera de toute sa personne, de toute son âme, de toutes ses forces, mais pas réellement, car elle est veuve.
Et soudain, une telle nouvelle…
L’interlocutrice, à l’autre bout du fil, c’est Mme Dina Nemdar, directrice des réceptions dans les six salles d’«Armonot Hen», cinq se trouvant dans le complexe de Bené-Brak, et la sixième dans le quartier de Guivat-Chaoul, à Jérusalem.
«Il y a quelques minutes», dit Mme Nemdar à la mère de la mariée, «un donateur de l’étranger m’a appelée. Il marie lui aussi sa fille aujourd’hui, et, en raison de ce grand bonheur, il tient à ce que d’autres personnes se réjouissent également. Il a donc décidé de couvrir tous les frais du mariage d’un orphelin et d’une orpheline qui se tiendrait le même soir. J’ai donc la joie de vous informer qu’en dehors du fait que Hasdei Naomi n’exige de votre part aucun payement pour la salle, le donateur a réglé les frais du traiteur, de la dote, des bijoux de la mariée, de la location de la robe, ainsi que du montant de la location d’un appartement pour toute une année. L’argent nous a déjà été transféré et nous allons bien entendu vous le faire passer.»
Il est incroyable que cette nouvelle l’ait rendue muette en ne provoquant que des torrents de larmes, la laissant arpenter sa maison telle une somnambule, incrédule et convaincue en même temps.
Célébrer les mariages dans la dignité
La création de salles de réceptions ayant pour but d’accueillir les mariages de familles aux moyens limités, a toujours été une aspiration au fond du cœur du Rav Yossef Cohen, président et fondateur infatigable du grand organisme de charité Hasdei Naomi. «J’ai cherché à construire une salle où les familles défavorisées pourraient célébrer dignement leurs mariages, à un standing digne des milieux aisés. Je voulais que les pauvres et les riches puissent marier leurs enfants au même endroit. On a investi dans ces salles le maximum, afin d’en faire un site somptueux de sorte que les familles aisées y retrouvent aussi le lieu idéal pour leurs propres réjouissances», explique le Rav Cohen.
Ce qui a démarré avec une salle unique est devenu le complexe «Armonot Hen» et ses cinq salles à Bené-Berak, et une autre à Jérusalem. Si les murs pouvaient parler et raconter ce qui se passe entre eux tous les soirs, au cours de cette dernière décennie, il ne fait aucun doute que même un gros livre n’aurait pu contenir le récit de tant d’histoires émouvantes.
«Avec les années, ce sont des milliers de mariages qui ont été célébrés à Armonot Hen», dit Mme Nemdar. «En principe, toutes les familles peuvent louer une salle chez nous, mais nous accordons la priorité aux familles qui étudient la Torah, aux familles nombreuses, aux pauvres et surtout aux orphelins et orphelines pour qui ces salles ont été au départ construites, et qui, comme nous l’avons dit, obtiennent la salle sans payer
Au passage, sachez que le prix d’une part copieuse (tout compris : poisson, salades, viandes etc.) est de 44 Nis, ce qui fait qu’au bout du compte, les gens peuvent célébrer leurs mariages dignement et à des prix bien au-dessous de ce qui se pratique ailleurs.» Dans son bureau, chez Hasdei Naomi, Mme Nemdar, rencontre les visages radieux du peuple d’Israël, avec de nombreuses manifestations de charité véritable. «Des gens du monde entier m’appellent au téléphone, et me demandent de vérifier si à telle ou telle date se tient le mariage d’un orphelin ou d’une orpheline, ou de familles pauvres, et ils offrent la totalité ou une partie de la somme correspondant aux frais. Parfois, ils ajoutent de l’argent pour les appareils électroménagers, pour la dote, pour le loyer, ou encore pour le mobilier, et ainsi de suite. Parfois ils s’identifient, parfois ils préfèrent garder l’anonymat. Cet acte est reconnu comme étant éminemment propice à toutes les délivrances. Cela fait plus de dix ans que j’occupe ce poste et je suis chaque fois étonnée à nouveau de la générosité des gens. Je m’émeus que D. m’ait accordé le mérite de faire partie de ce merveilleux organisme qui fait tout pour les gens qui ne disposent pas de moyens économiques.»
D’autres histoires proviennent d’un autre point de vue. «Un jour, le téléphone a sonné. Il s’est avéré qu’il s’agissait d’un homme fortuné. La famille avait décidé de marier l’un de ses enfants précisément dans une salle d’Armonot Hen. » «Nous voulons servir d’exemple», nous a expliqué l’homme pour justifier sa démarche. «Au mariage que nous allons célébrer assisteront des invités immensément riches, d’Israël et de l’étranger. Nous tenons à ce que tous les convives soient informés de l’éminente charité qui ne se retrouve qu’auprès de notre propre public.» Cependant, ce soir-là, la salle était merveilleusement bien décorée, conformément à la commande de la famille, et les plats eux aussi étaient largement au-dessus du niveau habituel, mais parallèlement, elle a financé deux autres mariages que se sont tenus au complexe d’«Armonot Hen» le même soir, et a surtout fait passer le message au public que c’est un honneur de se marier à «Armonot Hen». En outre, les invités, qui étaient comme nous l’avons dit très riches, ont été étonnés de découvrir le complexe de salles où tant de bonnes actions sont réalisées tous les soirs, et ils ont compris que chaque shekel qu’ils donneraient à Hasdei Naomi serait un shekel saint et annonciateur de bonheur.